Helair
10/07/2017, 08h20
Les drakkars Viking remontaient à la force des bras au centre des terres gelées de Valkenheim. Le pillage avait été un succès, trois des quatre drakkars avaient été remplis de butin et rentraient désormais à la maison. Le quatrième les rejoindrait peu après, Ullr et les quelques Vikings restant à son bord avec ce qu’il restait des ressources Samouraï.
A l’avant du bateau, les yeux rivés sur l’horizon, Bjorn réfléchissait. De temps en temps, de l’eau gelée venait éclabousser son visage, bien plus sévère et marqué que son âge ne l’aurait laisser supposer. Le Jarl était âgé d’à peine trente ans, ce qui faisait peu pour quelqu’un de son rang. Il n’avait ni l’ancienneté, ni l’expérience pour justifier son rôle et avait donc dû improviser pour asseoir son autorité.
Il avait commencé il y a deux ans, en tuant successivement ses deux frères aînés en combats singuliers alors que son père se faisait lentement emporter par la maladie. Il avait toujours pensé qu’ils auraient été incapables de diriger convenablement, il ne leur en avait donc pas laissé l’occasion. Suite à cela, il avait défié trois des plus puissants Jarls de la région, tour à tour, pour s’emparer de leurs ressources, de leurs hommes et de leurs terres. Cela lui avait pris plus d’un an, mais il avait fini par obtenir le plus gros territoire et la plus grosse armée de tout le nord. Il avait beau être jeune, jamais personne n’avait douté de lui depuis. Du moins, pas publiquement. Mais il savait que ça viendrait.
Il s’était accordé quelques mois de repos, pour organiser et gérer au mieux son peuple. Les Vikings respectent la force, mais même avec ça de son côté ils n’auraient pas hésité à se soulever contre un Jarl incompétent. Il avait fait construire des maisons, une immense salle de banquets, des drakkars et même une école pour que les enfants apprennent à lire, écrire, se battre et chasser. Il avait tout fait pour s’attirer la grâce du peuple et être aimé et respecté. Cependant, la chance n’avait pas été avec lui.
Valkenheim connaissait un hiver particulièrement rude, le pire depuis de nombreuses années, si ce n’est décennies. Certaines réserves de nourriture avaient simplement été détruites par le froid, et sortir chasser était du suicide avec la menace permanente des blizzards. Bjorn avait dû prendre une décision, et l’idée de faire un raid contre les japonais avait rencontré un certain succès.
On le surveillait, on guettait ses mouvements, on attendait ses ordres. Il savait que certains n’attendaient qu’une erreur de sa part pour tenter de le renverser. Il devait marquer les esprits, devenir une figure d’autorité suprême que personne n’oserait questionner. Vaincre d’autres Jarls avait suffi pendant un temps, il devait viser plus haut cette fois.
Ses divagations furent interrompues par Hafþór, qui vint se placer à côté de lui. Le Hersir était toujours dans sa tenue improbable, son torse n’étant couvert que de quelques lanières de cuir et de bandages pour couvrir sa blessure, qui cicatrisait. Pendant une seconde, le Jarl se demanda comment il était possible de ne porter aucun vêtement sans instantanément mourir de froid. Puis il se contenta de considérer Hafþór comme la figure semi-divine que tout le monde pensait qu’il était. Tout était tellement plus simple quand on y mettait un peu de divin. Du mauvais temps ? Les dieux. Une épidémie qui foudroie dix personnes ? Les dieux encore. Un duel gagné ? Les dieux toujours. C’était comme si les hommes n’avaient aucun mérite, et que les dieux méritaient tout sans même avoir à agir. En son for intérieur, il ne pouvait s’empêcher de penser que si le Hersir était vraiment un élu divin, cela retirait toute gloire à ses victoires.
« Que me veux-tu, champion ? » Finit-il par demander.
« Juste discuter un peu, faire passer le temps. » Répondit le géant, un léger sourire dessiné sur le visage.
Près d’une minute s’écoula, sans que l’un ou l’autre ne dise mot. Finalement, Hafþór reprit.
« C’était une bonne idée, ce raid. On a de la bouffe, et ça a changé les idées de tout le monde de se dégourdir un peu les jambes. On devrait faire ça plus souvent. »
« Qu’essaies-tu de me dire, Hafþór ? » Siffla presque Bjorn d’un ton entre l’agacement et l’énervement.
« Tu as plus d’un millier d’hommes sous ton commandement. Un dixième seulement a pris part à ce raid, le reste s’ennuie. Et tu sais ce que font les guerriers quand ils s’ennuient, ils cherchent à se battre. Tu as unifié quatre clans, Bjorn. Quatre clans qui se font la guerre depuis un temps qui remonte bien avant la naissance de n’importe qui sur ce bateau, et qui ne sont unis que depuis un an à peine. Il y a toujours des ressentiments, des tensions. Si tes hommes s’ennuient, ces tensions vont ressurgir. »
« Tu crois que je ne le sais pas ? Rugit le Jarl. Tu penses être plus à même de diriger que moi, ‘’élu des dieux’’ ? Tu es grand et fort, c’est tout. Les gens te suivent et t’idolâtrent parce qu’ils pensent qu’Odin ou Thor sont à tes côtés. Tu n’as jamais eu à prendre de décision pour qu’ils te soient fidèles, juste à tuer quelques personnes. Alors ne viens pas me faire de leçon. »
« Doucement, Bjorn. Je ne suis pas ton ennemi, mais ça ne veut pas dire que je ne le serais jamais. Si je te suis, ceux qui me suivent font de même. Si je cesse, je te laisse deviner à qui ils seront fidèles, comme tu dis. Ne me considère pas comme un adversaire alors que je te soutiens. Je ne veux ni de ta place, ni de ton rang. Suivre les ordres me convient très bien, tant que ceux-ci me permettent de me battre. Je n’ai pas envie de tuer d’autres nordiques, et c’est pour ça que je suis à tes côtés en ce moment même. En nous unifiant, tu nous as donné la possibilité de nous battre face à un ennemi commun. Mais si ça n’arrive pas, nous retournerons à nos vieilles querelles et tu le sais. Personne n’a envie d’en arriver là. »
Un lourd silence s’imposa pendant quelques secondes, au bout desquelles le Hersir tourna les talons et alla s’asseoir près du mât. Bjorn, lui, retourna à ses réflexions, l’air plus renfrogné que jamais.
Quelques heures plus tard ils arrivèrent au port de Himinbjorg, petit village près d’une falaise que Bjorn avait transformé en ville d’une taille plus que respectable. Femmes, enfants et guerriers restés sur place virent les accueillir sur le ponton. Ils étaient acclamés comme des héros, plus encore lorsque les gens purent voir les dizaines de caisses et de tonneaux sur chacun des bateaux. Bjorn était encore à bord, lançant des caisses à des débardeurs venus l’aider tout en criant « De la nourriture ! De la nourriture pour tout le monde ! »
Hafþór pour sa part était descendu du drakkar et se frayait un chemin à travers la foule. Il ne prêtait pas attention aux dizaines de personnes qui lui demandaient de raconter ses exploits guerriers, tout en sachant très bien qu’il les conterait le soir même dans la salle de banquet. Pour l’heure, il souhaitait juste rentrer chez lui.
Après quelques minutes, Bjorn descendit également. Il s’était assez montré pour le moment et il avait mieux à faire que simplement lancer des tonneaux. Il grimpa les marches taillées à même la roche qui menaient jusqu’à la ville à proprement parler. Prenant appui sur la paroi rocheuse pour ne pas glisser, il prit le temps de contempler une dernière fois le fleuve qui menait directement aux marais avant de continuer son ascension. Bientôt, il passa l’immense porte en bois sculpté qui marquait l’entrée de la ville.
La place centrale était encore plus bondée que le port. Presque toute la population de Himinbjorg était rassemblée là, à attendre le retour des raiders. Bousculant les gens sur son passage, Freja traversa la foule pour venir se dresser directement en face de Bjorn. Sur sa tête et ses épaules trônait en manteau la peau de l’ours qu’elle avait chassée, seule. Elle regarda Bjorn d’un air de défi, mais attendait néanmoins son approbation. Celui-ci eut un grand sourire et posa une main sur l’épaule de la Valkyrie.
« Eh bien ! On dirait que tu n’as pas perdu ton temps ici ! » Rigola-t-il.
Elle lui rendit son sourire, tout en gardant un air narquois.
« Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal. Ça s’est bien passé vous, avez vos fermiers ? »
« Toujours aussi sûre de toi, j’aime ça ! Pour les récits de guerre, demande à Hafþór, je suis certain qu’il se fera un plaisir de te raconter comment il a tué le Samouraï qui protégeait le village. »
Puis il s’éloigna, sans laisser le temps à la nordique de lui répondre. Il se dirigea vers le sud-ouest du village, où un pic rocheux d’une vingtaine de mètres permettait d’avoir une vue parfaitement dégagée jusqu’à la ligne d’horizon. Il aimait cet endroit, c’était tranquille. Malheureusement, c’était également connu. Il n’était pas arrivé depuis dix minutes qu’il entendait déjà quelqu’un escalader le pic. C’était Freja, qui voulait visiblement continuer leur discussion. Bjorn la regarda puis, sans mot dire, se décala pour lui laisser la place de s’asseoir à ses côtés. Ce qu’elle fit. Ils restèrent de longues minutes ainsi, sans s’adresser la parole, à contempler le paysage qui avait l’air de s’embraser sous le soleil couchant.
« Je veux venir la prochaine fois. » Lança-t-elle.
« J’y comptais. »
Elle tourna la tête vers lui, surprise. Bjorn l’avait toujours considérée comme une combattante plus faible que les autres, incapable de vaincre ses guerriers de confiance. Avait-il changé d’avis ? La mort d’un ours avait-elle attendrit l’autre ?
« Regarde au loin, dit-il alors que les derniers vestiges de lumière du jour disparaissaient, tu vois ces lumières ? »
Elle suivit du regard l’indication de Bjorn, et aperçu effectivement une petite tâche lumineuse à l’horizon. Quoi que ça puisse être, c’était extrêmement loin, probablement à plusieurs semaines de marche. S’ils n’étaient pas en pleine montagne, ce serait probablement trop loin pour être vu.
« C’est Bronzegriffe, le premier fort des Chevaliers auquel on puisse accéder, placé juste après nos frontières. Impossible d’aller à Ashfeld sans passer par là. »
« Pourquoi tu me dis ça ? »
« Parce que c’est notre prochaine destination. »
« Tu veux attaquer les Chevaliers ? » S’exclama la Valkyrie, étonnée d’une telle ambition.
« Non… »
« … Je veux les vaincre. »
A l’avant du bateau, les yeux rivés sur l’horizon, Bjorn réfléchissait. De temps en temps, de l’eau gelée venait éclabousser son visage, bien plus sévère et marqué que son âge ne l’aurait laisser supposer. Le Jarl était âgé d’à peine trente ans, ce qui faisait peu pour quelqu’un de son rang. Il n’avait ni l’ancienneté, ni l’expérience pour justifier son rôle et avait donc dû improviser pour asseoir son autorité.
Il avait commencé il y a deux ans, en tuant successivement ses deux frères aînés en combats singuliers alors que son père se faisait lentement emporter par la maladie. Il avait toujours pensé qu’ils auraient été incapables de diriger convenablement, il ne leur en avait donc pas laissé l’occasion. Suite à cela, il avait défié trois des plus puissants Jarls de la région, tour à tour, pour s’emparer de leurs ressources, de leurs hommes et de leurs terres. Cela lui avait pris plus d’un an, mais il avait fini par obtenir le plus gros territoire et la plus grosse armée de tout le nord. Il avait beau être jeune, jamais personne n’avait douté de lui depuis. Du moins, pas publiquement. Mais il savait que ça viendrait.
Il s’était accordé quelques mois de repos, pour organiser et gérer au mieux son peuple. Les Vikings respectent la force, mais même avec ça de son côté ils n’auraient pas hésité à se soulever contre un Jarl incompétent. Il avait fait construire des maisons, une immense salle de banquets, des drakkars et même une école pour que les enfants apprennent à lire, écrire, se battre et chasser. Il avait tout fait pour s’attirer la grâce du peuple et être aimé et respecté. Cependant, la chance n’avait pas été avec lui.
Valkenheim connaissait un hiver particulièrement rude, le pire depuis de nombreuses années, si ce n’est décennies. Certaines réserves de nourriture avaient simplement été détruites par le froid, et sortir chasser était du suicide avec la menace permanente des blizzards. Bjorn avait dû prendre une décision, et l’idée de faire un raid contre les japonais avait rencontré un certain succès.
On le surveillait, on guettait ses mouvements, on attendait ses ordres. Il savait que certains n’attendaient qu’une erreur de sa part pour tenter de le renverser. Il devait marquer les esprits, devenir une figure d’autorité suprême que personne n’oserait questionner. Vaincre d’autres Jarls avait suffi pendant un temps, il devait viser plus haut cette fois.
Ses divagations furent interrompues par Hafþór, qui vint se placer à côté de lui. Le Hersir était toujours dans sa tenue improbable, son torse n’étant couvert que de quelques lanières de cuir et de bandages pour couvrir sa blessure, qui cicatrisait. Pendant une seconde, le Jarl se demanda comment il était possible de ne porter aucun vêtement sans instantanément mourir de froid. Puis il se contenta de considérer Hafþór comme la figure semi-divine que tout le monde pensait qu’il était. Tout était tellement plus simple quand on y mettait un peu de divin. Du mauvais temps ? Les dieux. Une épidémie qui foudroie dix personnes ? Les dieux encore. Un duel gagné ? Les dieux toujours. C’était comme si les hommes n’avaient aucun mérite, et que les dieux méritaient tout sans même avoir à agir. En son for intérieur, il ne pouvait s’empêcher de penser que si le Hersir était vraiment un élu divin, cela retirait toute gloire à ses victoires.
« Que me veux-tu, champion ? » Finit-il par demander.
« Juste discuter un peu, faire passer le temps. » Répondit le géant, un léger sourire dessiné sur le visage.
Près d’une minute s’écoula, sans que l’un ou l’autre ne dise mot. Finalement, Hafþór reprit.
« C’était une bonne idée, ce raid. On a de la bouffe, et ça a changé les idées de tout le monde de se dégourdir un peu les jambes. On devrait faire ça plus souvent. »
« Qu’essaies-tu de me dire, Hafþór ? » Siffla presque Bjorn d’un ton entre l’agacement et l’énervement.
« Tu as plus d’un millier d’hommes sous ton commandement. Un dixième seulement a pris part à ce raid, le reste s’ennuie. Et tu sais ce que font les guerriers quand ils s’ennuient, ils cherchent à se battre. Tu as unifié quatre clans, Bjorn. Quatre clans qui se font la guerre depuis un temps qui remonte bien avant la naissance de n’importe qui sur ce bateau, et qui ne sont unis que depuis un an à peine. Il y a toujours des ressentiments, des tensions. Si tes hommes s’ennuient, ces tensions vont ressurgir. »
« Tu crois que je ne le sais pas ? Rugit le Jarl. Tu penses être plus à même de diriger que moi, ‘’élu des dieux’’ ? Tu es grand et fort, c’est tout. Les gens te suivent et t’idolâtrent parce qu’ils pensent qu’Odin ou Thor sont à tes côtés. Tu n’as jamais eu à prendre de décision pour qu’ils te soient fidèles, juste à tuer quelques personnes. Alors ne viens pas me faire de leçon. »
« Doucement, Bjorn. Je ne suis pas ton ennemi, mais ça ne veut pas dire que je ne le serais jamais. Si je te suis, ceux qui me suivent font de même. Si je cesse, je te laisse deviner à qui ils seront fidèles, comme tu dis. Ne me considère pas comme un adversaire alors que je te soutiens. Je ne veux ni de ta place, ni de ton rang. Suivre les ordres me convient très bien, tant que ceux-ci me permettent de me battre. Je n’ai pas envie de tuer d’autres nordiques, et c’est pour ça que je suis à tes côtés en ce moment même. En nous unifiant, tu nous as donné la possibilité de nous battre face à un ennemi commun. Mais si ça n’arrive pas, nous retournerons à nos vieilles querelles et tu le sais. Personne n’a envie d’en arriver là. »
Un lourd silence s’imposa pendant quelques secondes, au bout desquelles le Hersir tourna les talons et alla s’asseoir près du mât. Bjorn, lui, retourna à ses réflexions, l’air plus renfrogné que jamais.
Quelques heures plus tard ils arrivèrent au port de Himinbjorg, petit village près d’une falaise que Bjorn avait transformé en ville d’une taille plus que respectable. Femmes, enfants et guerriers restés sur place virent les accueillir sur le ponton. Ils étaient acclamés comme des héros, plus encore lorsque les gens purent voir les dizaines de caisses et de tonneaux sur chacun des bateaux. Bjorn était encore à bord, lançant des caisses à des débardeurs venus l’aider tout en criant « De la nourriture ! De la nourriture pour tout le monde ! »
Hafþór pour sa part était descendu du drakkar et se frayait un chemin à travers la foule. Il ne prêtait pas attention aux dizaines de personnes qui lui demandaient de raconter ses exploits guerriers, tout en sachant très bien qu’il les conterait le soir même dans la salle de banquet. Pour l’heure, il souhaitait juste rentrer chez lui.
Après quelques minutes, Bjorn descendit également. Il s’était assez montré pour le moment et il avait mieux à faire que simplement lancer des tonneaux. Il grimpa les marches taillées à même la roche qui menaient jusqu’à la ville à proprement parler. Prenant appui sur la paroi rocheuse pour ne pas glisser, il prit le temps de contempler une dernière fois le fleuve qui menait directement aux marais avant de continuer son ascension. Bientôt, il passa l’immense porte en bois sculpté qui marquait l’entrée de la ville.
La place centrale était encore plus bondée que le port. Presque toute la population de Himinbjorg était rassemblée là, à attendre le retour des raiders. Bousculant les gens sur son passage, Freja traversa la foule pour venir se dresser directement en face de Bjorn. Sur sa tête et ses épaules trônait en manteau la peau de l’ours qu’elle avait chassée, seule. Elle regarda Bjorn d’un air de défi, mais attendait néanmoins son approbation. Celui-ci eut un grand sourire et posa une main sur l’épaule de la Valkyrie.
« Eh bien ! On dirait que tu n’as pas perdu ton temps ici ! » Rigola-t-il.
Elle lui rendit son sourire, tout en gardant un air narquois.
« Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal. Ça s’est bien passé vous, avez vos fermiers ? »
« Toujours aussi sûre de toi, j’aime ça ! Pour les récits de guerre, demande à Hafþór, je suis certain qu’il se fera un plaisir de te raconter comment il a tué le Samouraï qui protégeait le village. »
Puis il s’éloigna, sans laisser le temps à la nordique de lui répondre. Il se dirigea vers le sud-ouest du village, où un pic rocheux d’une vingtaine de mètres permettait d’avoir une vue parfaitement dégagée jusqu’à la ligne d’horizon. Il aimait cet endroit, c’était tranquille. Malheureusement, c’était également connu. Il n’était pas arrivé depuis dix minutes qu’il entendait déjà quelqu’un escalader le pic. C’était Freja, qui voulait visiblement continuer leur discussion. Bjorn la regarda puis, sans mot dire, se décala pour lui laisser la place de s’asseoir à ses côtés. Ce qu’elle fit. Ils restèrent de longues minutes ainsi, sans s’adresser la parole, à contempler le paysage qui avait l’air de s’embraser sous le soleil couchant.
« Je veux venir la prochaine fois. » Lança-t-elle.
« J’y comptais. »
Elle tourna la tête vers lui, surprise. Bjorn l’avait toujours considérée comme une combattante plus faible que les autres, incapable de vaincre ses guerriers de confiance. Avait-il changé d’avis ? La mort d’un ours avait-elle attendrit l’autre ?
« Regarde au loin, dit-il alors que les derniers vestiges de lumière du jour disparaissaient, tu vois ces lumières ? »
Elle suivit du regard l’indication de Bjorn, et aperçu effectivement une petite tâche lumineuse à l’horizon. Quoi que ça puisse être, c’était extrêmement loin, probablement à plusieurs semaines de marche. S’ils n’étaient pas en pleine montagne, ce serait probablement trop loin pour être vu.
« C’est Bronzegriffe, le premier fort des Chevaliers auquel on puisse accéder, placé juste après nos frontières. Impossible d’aller à Ashfeld sans passer par là. »
« Pourquoi tu me dis ça ? »
« Parce que c’est notre prochaine destination. »
« Tu veux attaquer les Chevaliers ? » S’exclama la Valkyrie, étonnée d’une telle ambition.
« Non… »
« … Je veux les vaincre. »